Federico Grisone

Italie XVI siècle

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Federico Grisone est un écuyer napolitain du XVIe siècle, dont on ne connaît ni la date de naissance ni celle de décès.
Gentilhomme napolitain du milieu du XVIe siècle, Federico Grisone est l'un des écuyers les plus célèbres de la Renaissance  italienne. La réputation de l’Académie de Naples lui est due en grande partie. Il était, paraît-il, " doué de tous les avantages recherchés dans un cavalier1. Avec son contemporain Cézare Fiaschi et Gianbatista Pignatelle, il est l'un des fondateurs de l'équitation italienne de la Renaissance qui est à l'origine des équitations européennes de cette période.
Il était mentionné en son temps comme "le père de l'art de l'équitation"
Son livre "Ordini di cavalcare..." publié, en 1550, traité d'équitation et d'embouchures en italien, a obtenu un succès prodigieux, et a eu de très nombreuses éditions dans toutes les langues de l'Europe3. Il a été publié la première fois en français sous le titre "L'écuirie du Sir Frederic Grison..." en1559.
L'équitation qu'il enseigne, destinée au combat rapproché, comprend les airs et sauts d’école :

  • la figure nommée passade répétée dans un fossé enseignent au cheval ses futures aller et venues sur l'ennemi,
  • les pesades dans lesquelles le cheval s'assoit sur les hanches sont suivies de quelques ruades,
  • les caprioles permettent au cavalier de se dégager des attaques de l'ennemi,
  • les  courbettes se font sur place et en avançant dans toutes les directions.

Citations
« Lorsqu'un cheval s’embride, le mufle retiré pour aller férir du front, il n’en sera pas seulement plus ferme de bouche, mais aussi il tiendra son col ferme et dur jamais ne la mouvant hors de son lieu, et avec un doux appui s’accompagnera et agencera de sorte la bouche avec la bride, la mâchant toujours qu’il semblera qu’elle y soit miraculeusement née. »
Premier écuyer des Temps modernes, Grisone tire parti de cette évolution qu'il nous livre en 1550 dans son traité, L'Écuirie de Fed. Grison. Son cheval est soumis au manège de guerre, destiné au combat rapproché. Il répète dans un fossé dont le tracé enseigne à l'animal ses futures allées et venues sur l'ennemi, la figure que l'on nomme « passade ».
Le cheval est ensuite orienté vers les exercices de manège qui développent des sauts d'école. Leur apprentissage commence par des « pesades » dans lesquelles le cheval s'assoit sur les hanches, suivis de quelques ruades. La suite de ce dressage consiste à faire sauter le cheval en « capriole ». Enfin, des « courbettes » définies comme des « pesadeshautes » se font en avançant, sur place, en arrière, de côté. Cette équitation allie le spectaculaire au nécessaire.

Son  ouvrage : « Ordini di cavalcare »
Seconde édition aussi rare que l’originale imprimée à Naples deux ans avant et que plusieurs bibliographes dont le très respecté Jacques-Charles Brunet, ont décrite comme la première. Comme la plupart des éditions vénitiennes de cette époque (et contrairement à la napolitaine de 1550…), celle-ci est très soignée. Le caractère employé est une italique typiquement vénitienne héritée de Jenson puis de son successeur Alde Manuce, les têtes de chapitres sont ornées de lettrines gravées sur bois et les deux planches de plans de terre sont ici en premier tirage dans ce format, le tout sur un papier dont la pureté et la finesse sont toujours étonnants.

Federico Grisone est le fondateur de l’école d’équitation napolitaine dont l’enseignement va se répandre dans toute l’Europe grâce à la publication de cet ouvrage. Certains de ses élèves comme Pignatelli enseigneront sur place, d’autres comme Claudio Corte exporteront  les bases de son enseignement dans les cours de France et d’Angleterre. Dans notre pays, les héritiers de cet enseignement seront Salomon de la Broue, Pierre de La Noue, Menou de Charnizay et surtout Antoine de Pluvinel. Cet ouvrage est donc d’une importance capitale car c’est le premier de toute la littérature équestre moderne à poser en dogme les bases d’une équitation de manège et d’extérieur. Son succès sera énorme car en plus des 16 éditions qui se succéderont en Italie jusqu’en 1620, il sera traduit en français dès 1559, et fera l’objet de 11 rééditions jusqu’en 1610. On trouvera également pendant le seizième siècle des traductions en espagnol, en anglais en portugais et en allemand.
            Très bel exemplaire extraordinairement frais et finement relié de cet ouvrage fondateur qui, conformément à la description de l’exemplaire Anderhub, est complet sans les planches de mors qui n’apparaîtront pour la première fois en petit format qu’en 1559 à Padoue chez Gratioso Perchacino. L’ouvrage de Pellegrini relié avec est décrit par Adams (II 588) et semble être dans sa seule et unique édition, il signale que la marque de l’imprimeur est celle de l’atelier de Gryphe, actif à Lyon à la même époque.